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Education et Mercantilisme
Tout part d'un article du Monde du 11 mai 2018, promu par un post Facebook
« L’école doit être protégée de toutes formes de manipulation visant à faire des jeunes des acheteurs ou des médiateurs pour de nouveaux clients »
L'article élabore sur le fait que "L’éducation nationale met « en stand-by » les sorties scolaires chez Apple et Microsoft. Ces opérations, officiellement destinées à combler la faiblesse des usages du numérique dans les classes, ont provoqué une vive polémique."
L'article fait notamment état de l'interdiction provisoire qui sera apposée sur les opérations de "rentrée des classes" proposées par les vendeurs de matériel informatique, afin d'examiner leur offres et vérifier qu'il ne tentent pas ici de pervertir la jeunesse...
Fort bien ! Mais alors ?
A la faveur de l'instantanéité des commentaires sur les réseaux sociaux, s'ensuit la discussion que voilà.
J. : "Ridicule et reac’, aveu de la disparition totale du bon sens et du libre-arbitre, constat d’un largage plus total que jamais... mais rassurez-vous les étudiants, mêmes les plus jeunes, prennent leur éducation à la technologie en main sans vous..."
C : "Leurs choix économiques doivent rester les leurs. les conventions passées entre l'EN et Microsoft ont posé problème. Mais comme Microsoft est un donateur de Terra Nova tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Les liens avec les multinationales de ce genre ne sont pas anodins car ils ont en plus des implications économiques des implications politiques."
O : "Chez Apple et Microsoft, il y a une idéologie et le souci surtout de faire du commerce. Les dirigeants de la silicon Valley envoient leurs enfants dans des écoles où ils n'y aucun appareil numérique. Donc le numérique est seulement un outil et de toute façon l'éducation nationale n'a pas les moyens de s'offrir des produits apple et les applications qui vont avec.
Référence : https://blogs.mediapart.fr/patrick-cahez/blog/060617/ces-patrons-de-la-silicon-valley-qui-interdisent-la-high-tech-leurs-enfants
J : "On enfonce des portes ouvertes. Quoi de plus naturel chez des entreprises de chercher à gagner en parts de marché ? Et quoi de plus immature que de préférer s’enfermer sur soi-même ?
On attend de l’éducation qu’elle soit audacieuse, avant-gardiste, capable et astucieuse. Je n’ai connu pour ma part entre 1993 et 2014, soit de la maternelle à la fin de mes études supérieures, qu’une éducation frileuse, passéiste, attentiste et retardée.
Cela m’a poussé à aller chercher ailleurs et par moi-même ce dont j’avais besoin et les réponses aux questions qu’on ne me fournissait pas.
Parce que j’avais la chance, et l’environnement, qui me permettait de le faire.
C’est tout l’échec du système éducatif, si en retard sur le monde qu’il en devient un frein."
JM : "Permettre à des entreprises de gagner des parts de marché au sein de notre système éducatif c'est une chose mais leurs permettre par la même occasion d'insérer une certaine idéologie s'en est une autre . L'instruction n'est pas l'éducation."
J : "Personne n’a parlé de leur permettre quoi que ce soit. Juste d’avoir conscience qu’elle vont essayer. Tout l’enjeu est pour nos éducateurs de savoir inculquer raison, bon sens et libre-arbitre aux enfants. Ça n’est pas parce qu’ils en sont incapables qu’il faut bâtir des murs.
O : "Je ne sais pas si c'est en suivant l'exemple d'Apple ou de Microsoft qu'on apprend l'audace ??? Et coller à ces entreprises, ce n'est pas forcément prendre de l'avance sur le monde. Apple, c'est quand la délocalisation, le travail des enfants, l'obsolescence programmée ... Rien de très novateur. Il y longtemps qu'on utilise les outils informatiques dans l'éducation nationale. En fait vous tenez le discours d'un cadre d'Apple qui regarde avec inquiétude son salaire indexé sur le nombre de vente et je vous avoue, que ce n'est pas l'éducation des enfants, qui constitue sa priorité.
Je rajouterai que votre analyse est trop binaire (les méchants profs contre les gentils d'Apple) et manque de complexité pour avoir un réel poids."
J : "O, Quelle terrible lecture ! Ni cadre d’Apple, ni de Microsoft, ni de Google ou autre. Très loin de m’inquiéter d’un quelconque revenu. Votre analyse me semble si décalée que j’en viens à me demander si toute discussion est possible...
J’en appelle juste à des principes de bon sens et de libre arbitre. Ni enchaîné à une marque ni à une autre, mais capable de prendre tout le flot de la technologie à bras le corps et d’y guider les étudiants avec éclairement, lucidité et un peu d’anticipation.
Il est temps de se déniaiser un petit peu et de promouvoir une éducation audacieuse et souple.
L’éducation nationale utilise péniblement « les outils informatiques » avec près de 10 ans de retard, et c’est dommageable pour tous ceux qui n’ont pas les moyens d’y accéder dans le cadre privé."
O : "Et bien voilà, on y arrive "raison, bon sens et libre-arbitre". On est d'accord et pour cela, il faut peut être regardé à deux fois quand apple ou microsoft vont les yeux doux."
J : "Mais c'est tout mon propos..."
E : "Votre discours est très choquant. Apple qui gère des sorties scolaires dans un de leurs magasins n'est pas là pour éduquer. Après j'aimerai vous voir avec une classe de ZEP en train de baver sur des objets qui ne pourront pas se payer... Alors peut être que vous aviez un environnement stimulant, ce n'est pas le cas pour tous nos élèves. Le libre arbitre, l'esprit critique, la laïcité, la notion de décroissance, on peut leur apprendre ces valeurs sans être des attachés commerciaux pour Apple ou Microsoft..."
J : "E, mais personne ne vous oblige à vous inscrire à un atelier Apple ou Microsoft. Faites ce que vous voulez, mais faites le éclairés bon sang!
Mon discours ne flatte pas les démarches commerciales grossières des géants du web. Je trouve cependant les ficelles suffisamment grosses pour que vous ne vous étonniez pas à la fin d’avoir un coupon de réduction.
J’ai travaillé en centres sociaux avec des enfants qui n’avaient pas l’option de s’acheter quoi que ce soit. On leur montrait la diversité des outils et on leur apprenait à faire la différence entre ce qui peut leur être utile et ce qui n’est qu’accessoire.
Mon discours n’est choquant que si vous en occultez le sens.
Ce sont vos réactions plus outrées les unes que les autres qui me choquent, et j’y vois un conservatisme réactionnaire que j’abhorre. Relisez Marx et cherchez-y son analyse du socialisme bourgeois (le Manifeste, Chapitre III). Elle illustre à merveille dans un contexte différent le combat d’une pseudo-élite qui pour se défendre du progrès social cherche à mettre le présent dans les cases de l’ancien.
Vous avez aujourd’hui en tant qu’enseignants la possibilité d’accompagner un changement majeur de la société et de donner à vos étudiants la faculté de choisir de façon éclairée. Vous la refusez au titre d’un combat contre un ennemi, dont vous avez le sentiment de devenir le complice en vous appropriant ses armes. C’est tout l’inverse.
Et c’est précisément pour cela que les générations qui suivent apprennent à faire leur chemin sans vous.
Nul ne supporte la mercantilisation des enfants. Mais ça n’est absolument pas ce dont je vous parle. Libre à vous de comprendre ou de vous conforter dans vos convictions."
Référence : https://fr.wikisource.org/wiki/Manifeste_du_parti_communiste/Andler/II/Commentaire
[Article : L’éducation nationale met « en stand-by » les sorties scolaires chez Apple et Microsoft :